Tournoi de foot - APEL

Publié le par CM1/CM2 Charles de Foucauld

Tournoi de foot à l'école

 

Samedi dernier a eu lieu le premier tournoi de football à l'école. Merci à l'APEL pour cette belle initiative et ce bon moment passé ensemble.

Ci-dessous une petite histoire issue du "Petit Nicolas" et dont certains extraits pourront faire sourire les participants

 

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La partie de Football

 

J’étais dans le terrain vague avec les copains: Eudes, Geoffroy, Alceste, Agnan, Rufus, Clotaire, Maixent et Joachim. Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé de mes copains, mais je sais que je vous ai parlé du terrain vague. Il est terrible; il y a des boîtes de conserve, des pierres, des chats, des bouts de bois et une auto. Une auto qui n’a pas de roues, mais avec laquelle on rigole bien: on fait «vroum vroum», on joue à l’autobus, à l’avion ; c’est formidable !
Mais là, on n’était pas venus pour jouer avec l’auto. On était venus pour jouer au football. Alceste a un ballon et il nous le prête à condition de faire gardien de but, parce qu’il n’aime pas courir. Geoffroy, qui a un papa très riche, était venu habillé en footballeur, avec une chemise rouge, blanc et bleu, des culottes blanches avec une bande rouge, des grosses chaussettes, des protège-tibias et des chaussures terribles avec des clous en dessous. Et ce serait plutôt les autres qui auraient besoin de protège-tibias, parce que Geoffroy, comme dit le monsieur de la radio, c’est un joueur rude. Surtout à cause des chaussures. On avait décidé comment former l’équipe. Alceste serait goal, et comme arrières on aurait Eudes et Agnan. Avec Eudes, rien ne passe, parce qu’il est très fort et il fait peur ; il est drôlement rude, lui aussi! Agnan, on l’a mis là pour qu’il ne gêne pas, et aussi parce qu’on n’ose pas le bousculer ni lui taper dessus: il a des lunettes et il pleure facilement. Les demis, ce sera Rufus, Clotaire et Joachim. Eux, ils doivent nous servir des balles à nous, les avants. Les avants, nous ne sommes que trois, parce qu’il n’y a pas assez de copains, mais nous sommes terribles: il y a Maixent, qui a de grandes jambes avec de gros genoux sales et qui court très vite; il y a moi qui ai un shoot formidable, bing! Et puis il y a Geoffroy avec ses chaussures.
On était drôlement contents d’avoir formé l’équipe.
— On y va? On y va? a crié Maixent.
— Une passe ! Une passe ! a crié Joachim.
On rigolait bien, et puis Geoffroy a dit:
— Eh! les gars! contre qui on joue? Il faudrait une équipe adverse.
Et ça c’est vrai, il avait raison, Geoffroy: on a beau faire des passes avec le ballon, si on n’a pas de but où l’envoyer, ce n’est pas drôle. Moi, j’ai proposé qu’on se sépare en deux équipes, mais Clotaire a dit : « Diviser l’équipe? Jamais ! » Et puis, c’est comme quand on joue aux cow-boys, personne ne veut jouer les adversaires. Et puis sont arrivés ceux de l’autre école. Nous, on ne les aime pas, ceux de l’autre école: ils sont tous bêtes. Souvent, ils viennent dans le terrain vague, et puis on se bat, parce que nous on dit que le terrain vague est à nous, et eux ils disent qu’il es à eux et ça fait des histoires. Mais là, on était plutôt contents de les voir.

— Eh ! les gars, j’ai dit, vous voulez jouer au football avec nous ? On a un ballon.
— Jouer avec vous ? Nous faites pas rigoler ! a dit un maigre avec des cheveux rouges, comme ceux de tante Clarisse qui sont devenus rouges le mois dernier, et Maman m’a expliqué que c’est de la peinture qu’elle a fait mettre dessus chez le coiffeur.
— Et pourquoi ça te ferait rigoler, imbécile? a demandé Rufus.
— C’est la gifle que je vais te donner qui va me faire rigoler! il a répondu celui qui avait les cheveux rouges.
— Et puis d’abord, a dit un grand avec des dents, sortez d’ici, le terrain vague est à nous Agnan voulait s’en aller, mais nous, on n’était pas d’accord.
— Non, monsieur, a dit Clotaire, le terrain vague il est à nous; mais ce qui se passe, c’est que vous avez peur de jouer au football avec nous. On a une équipe formidable!
— Fort minable! a dit le grand avec des dents, et ils se sont tous mis à rigoler, et moi aussi, parce que c’était amusant; et puis Eudes a donné un coup de poing sur le nez d’un petit qui ne disait rien. Mais comme le petit, c’était le frère du grand avec les dents, ça a fait des histoires.
— Recommence, pour voir, a dit le grand avec les dents à Eudes.
— T’es pas un peu fou? a demandé le petit, qui se tenait le nez, et Geoffroy a donné un coup de pied au maigre qui avait les cheveux de tante Clarisse.
On s’est tous battus, sauf Agnan, qui pleurait et qui criait : « Mes lunettes ! J’ai des lunettes!». C’était très chouette, et puis Papa est arrivé.
— On vous entend crier depuis la maison, bande de petits sauvages ! a crié Papa. Et toi, Nicolas, tu sais l’heure qu’il est ?
Et puis Papa a pris par le col un gros bête avec qui je me donnais des claques.
— Lâchez-moi, criait le gros bête. Sinon, j’appelle mon papa à moi, qui est percepteur, et je lui dis de vous mettre des impôts terribles !
Papa a lâché le gros bête et il a dit: Bon, ça suffit comme ça! Il est tard, vos parents doivent s’inquiéter. Et puis d’abord, pourquoi vous battez-vous? Vous ne pouvez pas vous amuser gentiment?
— On se bat, j’ai dit, parce qu’ils ont peur de jouer au football avec nous!
— Nous, peur? Nous, peur ? Nous, peur? a crié le grand avec des dents.
— Eh bien! a dit Papa, si vous n’avez pas peur, pourquoi ne jouez-vous pas?
— Parce que ce sont des minables, voilà pourquoi, a dit le gros bête.
— Des minables ? j’ai dit, avec une ligne d’avants comme la nôtre : Maixent, moi et Geoffroy ? Tu me fais rigoler.
— Geoffroy? a dit Papa. Moi je le verrais mieux comme arrière, je ne sais pas s’il est très rapide.
— Minute, a dit Geoffroy, j’ai les chaussures et je suis le mieux habillé, alors...
— Et comme goal? a demandé Papa.
Alors, on lui a expliqué comment on avait formé l’équipe et Papa a dit que ce n’était pas mal, mais qu’il faudrait qu’on s’entraîne et que lui il nous apprendrait parce qu’il avait failli être international (il jouait inter droit au patronage Chantecler). Il l’aurait été s’il ne s’était pas marié. Ça, je ne le savais pas ; il est terrible, mon papa.
— Alors, a dit Papa, à ceux de l’autre école, vous êtes d’accord pour jouer avec mon équipe, dimanche prochain ? Je serai l’arbitre.
— Mais non, ils sont pas d’accord, c’est des dégonflés, a crié Maixent.
— Non, monsieur, on n’est pas des dégonflés, a répondu celui qui avait des cheveux rouges, et pour dimanche c’est d’accord. A 3 heures. Qu’est-ce qu’on va vous mettre! Et puis ils sont partis.

Papa est resté avec nous, et il a commencé à nous entraîner. Il a pris le ballon et il a mis un but à Alceste. Et puis il s’est mis dans les buts à la place d’Alceste, et c’est Alceste qui lui a mis un but. Alors Papa nous a montré comment il fallait faire des passes. Il a envoyé la balle, et il a dit: « A toi, Clotaire! Une passe!» Et la balle a tapé sur Agnan, qui a perdu ses lunettes et qui s’est mis à pleurer.
Et puis, Maman est arrivée.
— Mais enfin, elle a dit à Papa, qu’est-ce que tu fais là ? Je t’envoie chercher le petit, je ne te vois pas revenir et mon dîner refroidit.
Alors, Papa est devenu tout rouge, il m’a pris par la main et il a dit : « Allons, Nicolas, rentrons ! » et tous les copains ont crié: « A dimanche ! Hourra pour le papa de Nicolas ! »
A table, Maman rigolait tout le temps, et pour demander le sel à Papa elle a dit: «Fais- moi une passe, Kopa!»
Les mamans, ça n’y comprend rien au sport, mais ça ne fait rien: dimanche prochain, ça va être terrible !

 

1ère mi-temps

Hier après-midi, sur le terrain du terrain vague s’est déroulé un match de football entre une équipe d’une autre école et une équipe entraînée par le père de Nicolas. Voici quelle était la composition de cette dernière : goal : Alceste ; arrières: Eudes et Clotaire ; demis : Joachim, Rufus, Agnan; inter droit : Nicolas; avant-centre: Geoffroy ; ailier gauche : Maixent. L’arbitre était le père de Nicolas.
Ainsi que vous l’avez lu, il n’y avait pas d’ailier droit, ni d’inter gauche. Le manque d’effectifs avait obligé le père de Nicolas à adopter une tactique (mise au point à l’ultime séance d’entraînement), qui consistait à jouer par contre-attaque. Nicolas, dont le tempérament offensif est comparable à celui d’un Fontaine, et Maixent, dont la finesse et le sens tactique rappellent Piantoni, devaient servir Geoffroy, dont les qualités ne rappellent personne, mais qui a l’avantage de posséder un équipement complet, ce qui est appréciable pour un avant-centre.
Le match débuta à 15 h 40 environ. A la première minute, à la suite d’un cafouillage devant les buts, l’ailier gauche décocha un tir d’une telle puissance qu’Alceste fut dans l’obligation d’effectuer un plongeon désespéré pour éviter le ballon qui arrivait droit sur lui. Mais le but fut refusé, l’arbitre se rappelant que les capitaines ne s’étaient pas serré la main.
A la cinquième minute, alors que le jeu se déroulait au milieu du terrain, un chien dévora le casse-croûte d’Alceste, qui était pourtant enveloppé de trois feuilles de papier et par trois ficelles (pas Alceste, le goûter). Cela porta un rude coup au moral du gardien de but (et chacun sait combien le moral est important pour un goal), qui encaissa un premier but à la septième minute...
Et un deuxième à la huitième... A la neuvième minute, Eudes, le capitaine, conseilla à Alceste de jouer ailier gauche, Maixent le remplaçant dans les buts. (Ce qui, à notre avis, est une erreur, Alceste est plutôt un demi offensif qu’un attaquant de tempérament.)

A la quatorzième minute, une averse telle tomba sur le terrain que la plupart des joueurs coururent se mettre à l’abri, Nicolas restant sur le terrain contre un joueur adverse. Rien ne fut marqué durant cette période.
A la vingtième minute, Geoffroy, en position de demi droit ou d’inter gauche (peu importe), dégagea son camp d’un shoot terrible.
A la même vingtième minute, M. Chapo allait rendre visite à sa mère-grand, qui était grippée.
Le choc le déséquilibra et il pénétra chez les Chadefaut, brouillés avec lui depuis vingt ans.
Il réapparut sur le terrain grâce à un chemin connu de lui seul probablement et s’empara du ballon juste comme la remise en jeu allait avoir lieu.
 Après cinq minutes de perplexité (ce qui nous amène à la vingt-cinquième minute), le match reprit, une boîte de conserve remplaçant le ballon.
Aux vingt-sixième, vingt-septième, vingt-huitième minutes, Alceste, grâce à ses dribbles, marqua trois buts (il est pratiquement impossible de prendre une boîte de conserve de petits pois extrafins — même vide — à Alceste). L’équipe de Nicolas menait par 3 à 2.
A la trentième minute, M. Chapo rapporta le ballon. (Sa mère-grand allait mieux et il était d’excellente humeur.) Comme la boîte de conserve était inutile on la jeta.
A la trente et unième minute, Nicolas déborda la défense adverse, centra sur Rufus, en position d’inter gauche (mais, comme il n’y avait pas d’inter gauche, il était en position d’avant-centre), Rufus passa à Clotaire qui, par un shoot du gauche, prit tout le monde à contre-pied et l’arbitre au creux de l’estomac. Celui-ci, d’une voix sourde, expliqua aux deux capitaines que, le temps se couvrant, qu’une averse menaçant et que le fond de l’air étant un peu frais, il vaudrait mieux jouer la deuxième mi-temps la semaine prochaine.

2ème mi-temps

Durant toute la semaine, les coups de téléphone entre le père de Nicolas et les autres pères avaient eu pour résultat de modifier sensiblement l’équipe : Eudes passait inter gauche et Geoffroy arrière. A l’issue d’une réunion des pères, plusieurs tactiques avaient été mises au point. La principale consistait à marquer un but dans les premières minutes, à jouer la défensive, puis profiter d’une contre-attaque et en marquer un autre. Si les enfants suivaient à la lettre ces instructions, ils remporteraient le match par 5 à 2, puisqu’ils menaient déjà par 3 à 2. Les pères (de Nicolas, de ses amis et ceux de l’autre école) étaient au grand complet quand le match débuta, dans une ambiance passionnée, à 16 h 03.

On n’entendait que les pères sur le terrain. Cela énerva les joueurs. Durant les premières minutes, rien d’important ne se passa, si ce n’est un shoot de Rufus dans le dos du père de Maixent et une gifle que Clotaire reçut de son père, pour avoir manqué une passe. Joachim, qui était le capitaine à ce moment (il avait été décidé que tous les joueurs seraient capitaines durant cinq minutes chacun), alla demander à l’arbitre de bien vouloir faire évacuer le terrain. Clotaire ajouta que la gifle l’ayant commotionné, il ne pouvait plus tenir son poste. Son père dit qu’il prendrait sa place. Ceux de l’autre école protestèrent et dirent qu’ils prenaient leurs pères avec eux.
Un frémissement de plaisir parcourut les pères, qui tous enlevèrent leurs pardessus, vestons, cache-nez et chapeaux. Ils se précipitèrent sur le terrain en demandant aux enfants de faire attention et de ne pas trop s’approcher, qu’ils allaient leur montrer comment on tripote un ballon.
Dès les premières minutes de ce match, opposant les pères des amis de Nicolas et ceux de l’autre école, les fils furent vite fixés sur la façon dont on arrive à jouer au football, et décidèrent d’un commun accord d’aller chez Clotaire, voir « Sport-Dimanche » à la télé.
Le match se déroulait avec, de part et d’autre, le souci d’envoyer de grands coups de pied dans la balle, de façon à prouver qu’on pouvait marquer un but si le vent contraire, dans tous les sens, n’était pas si gênant. A la 16e minute, un père de l’autre école donna un grand coup de pied en direction d’un père qu’il espérait être un père de l’autre école, mais qui, en réalité, était le père de Geoffroy. Celui-ci envoya un coup de pied encore plus fort. Le ballon atterrit au milieu de quelques caisses, boîtes de conserve et autres ferrailles, il fit entendre un bruit comparable à celui d’un ballon qu’on dégonfle, mais continua de rebondir, grâce au ressort qui l’avait traversé de part en part. Après trois secondes de discussion il fut décidé que le match continuerait, une boîte de conserve — pourquoi pas ? — tenant lieu de ballon.
A la 36e minute, le père de Rufus, en position d’arrière, arrêta la boîte de conserve, qui se dirigeait en tournoyant vers sa lèvre supérieure. Comme il l’arrêta de la main, l’arbitre (le frère d’un des pères de l’autre école, le père de Nicolas tenant la place d’inter) siffla penalty. Malgré les protestations de certains joueurs (le père de Nicolas et tous les pères des amis de Nicolas), le penalty fut tiré et le père de Clotaire, qui jouait goal, ne put arrêter la boîte malgré un geste de dépit. Les pères de l’autre école égalisaient donc et la marque était de 3 à 3.
Il restait quelques minutes à jouer. Les pères étaient inquiets quant à l’accueil que leur réserveraient leurs fils s’ils perdaient le match. Le jeu, qui jusqu’alors avait été mauvais, devint exécrable. Les pères de l’autre école jouaient la défense. Certains posaient les deux pieds sur la boîte et empêchaient les autres de la prendre. Soudain, le père de Rufus, qui est agent de police dans le civil, s’échappa. Dribblant deux pères adverses, il se présenta seul devant le goal, shoota sèchement et envoya la boîte au fond des filets.
Les pères de Nicolas et ses amis remportaient le match par 4 à 3. Sur la photo de l’équipe gagnante, prise après le match, on reconnaît : debout, de gauche à droite, les pères de Maixent, Rufus (le héros du match), Eudes (blessé à l’oeil gauche), Geoffroy, Alceste. Assis, les pères de Joachim, Clotaire, Nicolas (blessé à l’oeil gauche dans un choc avec le père de Eudes) et Agnan. 


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Publié dans Archives 2011-2012

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Bonsoir<br /> Géniale l'histoire !<br /> C'est tout a fait cela !<br /> Au fait : qui a gagné la finale ?<br /> On remet cela l'année prochaine ?<br /> Merci
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